La cloche du Temple de Soulac : toute une histoire !

Cette histoire nous est rapportée par le Pasteur Eric de Bonnechose qui, après avoir été pendant de longues années pasteur de l'Eglise Protestante Unie à Bordeaux, est en poste à Evreux en Normandie au moment où cet article est rédigé.

La petite cloche du temple de Soulac, tout récemment restaurée, semble être une cloche de bateau. Mais si c’est vraiment le cas, on se tromperait en pensant qu’elle fut faite dans le port de Bordeaux ; elle proviendrait alors plus certainement de Rouen ou du Havre. Comment-donc est-elle arrivée là ?

 

Il faut remonter à 1850 et à sombre différend entre deux clochers, dans la campagne normande du département de l’Eure. Nous sommes à 25 km d’Évreux, la Préfecture, dans une zone de vaste plaine parsemée de bosquets. Le village de Sainte-Opportune-la-Campagne résiste à une décision de l’archevêché, qui veut réunir deux clochers en une seule paroisse. A Sainte-Opportune, on est plutôt à gauche et républicain ; et on ne voit pas d’un bon œil le rapprochement avec Le Plessis, plus attaché à ses châtelains… L’affaire s’envenime. Quelqu’un dans le village a sans doute entendu parler des protestants d’Elbeuf, une grosse localité ouvrière en bord de Seine, à 30 km de là. On appelle un pasteur, il vient et prêche devant toute la population. Convaincue, elle passe comme un seul homme à la Réforme… ou en tout cas à une tutelle religieuse qui lui convient mieux.

 

L’histoire est longuement racontée par Albert Finet, qui fut pasteur à Evreux de 1928 à 1932, dans deux articles de la Revue Foi et Vie en novembre 1932 et janvier 1933. Finet sera ensuite rédacteur en chef de Réforme.

 

Portrait de Pierre Péron

Portrait de Pierre Péron

Bientôt la Société Centrale Évangélique, chargée du développement d’Eglises Réformées nouvelles, envoie à Sainte-Opportune par le biais de sa section normande un instituteur. On construit une école, avec un logement ; le bâtiment servira également de temple. Un pasteur, Pierre Péron, y sera même nommé de 1860 à 1864.

 

Dans un hameau voisin, à Fumechon (commune d’Ecardenville-la-Campagne) un processus similaire se produit très peu de temps après. Un local plus rudimentaire servira d’école et de temple, et un autre instituteur sera nommé. Un colporteur passe aussi régulièrement visiter les familles et vendre de la littérature chrétienne.

 

Dans le département de l’Eure, très marqué par l’emprise catholique, le protestantisme ne s’est jamais beaucoup développé, et a même complètement disparu au XVIIIè siècle. Sainte-Opportune et Fumechon sont les deux premières ré-implantations, bien avant celle d’Évreux qui ne se fera qu’en 1874.

 

Les deux petites communautés vont vivre une grosse cinquantaine d’années, puis peu à peu se réduire et disparaître. Le temple de Sainte-Opportune est vendu en 1938 ou 1939. Quant à celui de Fumechon, une sorte de grange en bois, il était en très mauvais état et aurait été démoli dans les années 1960.

 

 

L'ancien temple à Saint-Opportune et deux vieux panneaux routiers portant l'inscription "Rue du Temple"

Saint-Opportune : l’ancien temple

 

Et alors, d’où vient la cloche du Temple Protestant de Soulac ?

C’est la suite de cette histoire….

 

 

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